Dernier petit moment
Si Micromoy est ponctuel, normalement d’ici une semaine je devrais pouvoir à nouveau voir mes pieds sans déséquilibrer mon centre de gravité précaire, mettre des chaussures à lacet ou des bottes autrement qu’assise sur le rebord du lit, atteindre des zones d’épilation inégalement maltraitées depuis plusieurs semaines, me tourner simplement dans le lit sans commencer par soulever les fesses, choisir le côté que JE préfère pour dormir sans subir les assauts d’un alien de 50cm à faire pâlir Sigourney Weaver, aller aux toilettes un peu moins de 5 fois par heure… Bref, d’ici une semaine maximum (tu entends Micro, j’ai dit maximum!) je devrais avoir -enfin- accouché.
Les signes d’accouchement qui n’en sont pas
Petit à petit, les pronostics de date fatidique tombent un à un (mis à part bien entendu, ceux qui me voient dépasser, tenant semble-t-il assez peu à notre amitié). Et on commence tout doucement à s’acheminer vers le mythique « jamais deux sans trois », à savoir pour l’occasion : si les deux premiers vont à terme, pourquoi le troisième dérogerait-il à la règle ?… bah, parce que Maman en a marre par exemple… Mais ça, c’est comme le rangement des chambres ou le respect des consignes à table, si l’avis maternel avait une quelconque influence sur le comportement des microbes, ça se saurait !
En attendant, on surveille le moindre signe, attendant désespérément la première contraction douloureuse (ce qui est complètement masochiste avouons-le).
Pour accélérer les choses, les remèdes de grand-mères ne manquent pas. Mais encore une fois, s’ils fonctionnaient aucun accouchement n’aurait lieu à 41 semaines (fichu système français qui nous gratifie d’une semaine supplémentaire, alors qu’un terme fixé à 40 semaines, comme partout ailleurs, ferait faire des économies énormes à la Sécurité Sociale). Dressons une liste rapide des conseils et idées reçues les plus entendus :
– Une future mère qui se met à avoir un regain d’énergie pour faire le ménage « prépare son nid », c’est le signe qu’elle s’apprête à accoucher.
… Ou pas! C’est surtout le signe qu’elle s’apprête à laisser son intérieur pendant au moins 3 jours à un futur papa solo, et qu’elle aimerait bien retrouver un semblant d’ordre en rentrant. Autre cas de figure, Mamie vient garder les aînés pendant le séjour à la maternité. Il serait dommage de cumuler la chute brutale d’hormones et la fatigue post-partum à un potentiel risque de remarques quelque peu désobligeantes sur la tenue de son intérieur.
– Faire les carreaux aide à déclencher le travail.
Il faudra m’expliquer par quel miracle lever les bras peut montrer à bébé le chemin vers le bas. Après nous avoir interdit de monter sur un escabeau pendant 8 mois et demi, c’est tout de même un peu fort. M’est avis qu’il ne s’agit que cette croyance ne provient que d’un lobbying féroce d’Ajax et consorts, qui souffrent de la libération de la femme active et notent une chute de leurs ventes de lave-vitres.
– La perte du bouchon muqueux annonce un travail imminent.
Certaines étapes de la grossesse sont plus ou moins glamour. Celle-ci fait partie de la partie la moins sexy de l’aventure. Tout comme on surveille la moindre douleur de règles synonyme de « vrai travail » comme on attendait le Père Noël, seule une membre du club fermé des déjà-mères peut comprendre l’excitation ressentie lorsque l’on découvre qu’une substance visqueuse et indescriptible s’échappe de notre intimité (pour les détails, se référer aux milliers d’articles plus ou moins médicaux s’y référant). Seulement pas de quoi sauter dans la voiture en direction des urgences obstétriques, cela n’indique qu’une chose : que la fin approche. Encore heureux…
– Un câlin avec papa, hop on file à la maternité.
Pendant la grossesse, une majorité de couples subissent une longue période d’abstinence plus ou moins forcée. Si d’un point de vue médical, cela peut se justifier, d’autres raisons peuvent générer quelque frustration d’un côté ou de l’autre. Il peut être difficile pour une future maman de se concentrer sur la bagatelle, lorsqu’une salve de coups de pieds perturbe son for intérieur.
Certains pères, un peu trop surs de leur anatomie et trop peu connaisseurs de celle de leur partenaire, ont peur de « toucher » le bébé. Ajoutons à cela la fatigue due aux trop nombreuses insomnies, et de nombreuses autres raisons qui pourraient justifier un encéphalogramme quasi-plat sur le sismographe intime.
Je soupçonne donc une association secrète de futurs parents frustrés d’avoir œuvré pour rétablir une vie sexuelle épanouie pour au moins un mois, avant d’enchaîner sur la période très calme (mais justifiée) du post-partum (et comme cela finir la grossesse comme elle avait commencé)…
– Marcher aide à faire descendre le bébé.
Par beau temps, parcs et sous-bois regorgent de futures mères en mal de délivrance. Mais dans la plupart des cas, après plusieurs heures à enfiler les kilomètres, seuls la sciatique et le bassin rouillé les rappellent à leur réalité de bibendums à tendance pachydermiques. En revanche, cette énième idée reçue est excellente pour la société de consommation. Pour marcher en pleine période prénatale du congé maternité, la femme enceinte est sans doute plus attirée par les boutiques que par battre seule le pavé d’un jardin désert en pleine semaine… Excellent pour les affaires !
Bref, tout ceci pour dire que seule une boule de cristal pourrait annoncer avec précision la date exacte d’un accouchement. Les « c’est pour quand? » et autres « encore là? » ne sont donc pas terminés, tant que la nature ne l’aura pas décidé ainsi…