Déménagement sans ménagement
Finie la belle vie, retour à la vie civilisée (connectée quoi). Vacances chaudes ? Mouais. Ensoleillées ? Un peu plus tout de même. Familiales ? Oui enfin. Détoxifiantes ? Absolument. Déstressantes ? Oh que non ! Comment être zen lorsque l’on n’a absolument aucune idée de l’endroit qui devra accueillir nos longues soirées d’hiver, lorsque l’on est dans l’attente interminable d’une réponse pour obtenir un toit, juste ça…
Heureusement, l’accord tant attendu pour la maison est enfin arrivé un peu avant le 15 août. Champ…omy ! Enfin on peut se projeter sur notre future vie, montrer les photos aux microbes (car oui, on loue une maison sans l’avoir réellement vue, on est des dingues !), bref avancer un peu quoi ! On peut relancer le cerveau mis (involontairement) en stand-by pendant deux semaines, ressortir le téléphone, et… ah non pas Internet, la totalité du forfait en données est déjà consommée. Tant pis, on fait appel au système G (j’ai bien dit système), qui consiste à utiliser les connexions des geeks de son entourage. Hôpital, école, déménagement de la box, état des lieux, tout y passe (enfin presque, il manque forcément des papiers justificatifs qui attendent bien sagement à la maison, et retardent forcément les démarches. Zen…).
Allez trêve de plaisanterie. Maxi et Mini recasés chez les grands-parents pour ne pas trainer dans les cartons et voir leur chambre petit à petit réduite en miettes (ou plutôt en poussière, surtout chez le grand, grr…), et c’est parti pour une déménagement party en amoureux, youhou ! Bizarrement, l’envie n’y est pas trop, et la motivation s’en ressent fortement. Ajoutez à cela le début des championnats du monde d’athlétisme, un canapé chaleureux et quelques contractions, et l’élan retombe comme un soufflé au fromage (au lait cru).
Je vous dresse grossièrement le programme des festivités : vidage et nettoyage complet du frigo, une heure de pause (contrairement à Micromoy, qui lui s’en donne à cœur joie) ; une demi-heure de récurage de la salle de bains, une heure de pause ; une demi-heure de rangement de la chambre de Maximoy, une heure de pause ; une machine et un étendage sur le balcon… une demi-heure de pause (il ne faut pas trop abuser non plus) ; recherche et photocopies des documents manquants (voir plus haut), euh… dodo, un peu stressée quand même. Les déménageurs débarquent dans moins de 8 heures, qu’est-ce qu’on est censés faire quand il est prévu qu’ils mettent tout en cartons eux-mêmes ? Est-ce que ça va rentrer ? Et on part où au fait ?
J1, le camion arrive, c’est parti ! Bonne surprise, vu d’en haut il semble qu’on ait hérité d’un plus grand volume que prévu. On souffle. A priori, ils sont censés tout préparer pour le chargement final du lendemain. Ah… ils sont deux, et beaucoup moins baraqués que je ne l’imaginais. Ils vont faire comment ? Bah… on va les aider finalement (pas trop quand même, Micromoy n’est pas tout à fait d’accord), surtout à grands coups de sacs poubelles. C’est incroyable ce qu’on peut entasser en 7 ans (même la Bétadine était périmée). Et désolée pour les plus écolos qui me liront, mais j’ai zappé l’étape recyclage pour une fois… Je vous épargne la photo de mes pieds, une vraie souillon. Je n’ose même pas les étendre de peur qu’un déménageur ne les voie. Ça promet pour le ménage…
Plus d’une matinée plus tard, mon enthousiasme prend encore un coup. Bilan des courses, rien n’a vraiment bougé. Ils nous ont laissé le lit, le canapé et la télé (le minimum syndical promis), mais aussi le lit de Maximoy, et celui de Mini aussi (on ne sait jamais, on pourrait avoir envie de faire chambre à part) ! Et les serviettes dans l’armoire de la salle de bains ! Et ils ne sont même pas allés voir la cave…
Bien entendu, le stress re-re-remonte. Si j’écrivais un peu pour me détendre ? Et bien non, le chargeur de l’ordinateur dit non au changement, et démissionne de son poste. Il reste 9% de batterie, zen… Pendant ce temps, super cousine picarde se tape l’état des lieux complet de la maison compiégnoise. Car malheureusement la téléportation n’est pas encore super au point, et difficile d’accueillir des meubles sans clés. Elle compte les trous, les rayures, même les araignées, elle apprend ce qu’on peut et surtout ne peut pas faire (planter un clou ou un rosier, même combat, c’est non !). Une heure trente d’intense bonheur, merci cousine ! Vive la famille.
De notre côté, pour décompresser, direction le roi du sandwich (ou Burger King pour les anglophones), pour un dernier resto lyonnais romantique. D’après Mégamoy, rien de tel qu’un double whooper pour se remettre d’aplomb. En tout cas il est ravi, et du coup moi aussi. Une bonne nuit de sommeil pour bien préparer la journée ? Bien sûr que non ! Insomnie, tours et retours (comme on peut, mode baleine oblige), je ne peux même plus lire car je n’ai plus de table ni lampe de chevet. Il n’y a plus qu’à attendre…
J2, 8h. Le camion revient (avec en plus une allumette, et un baraqué, youpi !). Moi je m’échappe. Direction la maternité pour un petit coucou à Micromoy (qui semble vivre tout à fait sereinement les événements), et le boulot pour un dernier coucou aux collègues. Au passage on essaye de récupérer un chargeur neuf, mais pour ce modèle apparemment seule une enseigne spécialisée pourra me rendre service. Super…
12h. En rentrant, j’imagine retrouver Mégamoy seul au milieu du salon vide, un balai à la main. Et non ! Chéri est bien en mode fée du logis, mais le lit de Maximoy est toujours là, notre commode également, le camion est presque plein, et ils n’ont toujours pas mis les pieds dans la cave… Stressée moi ? Pas du tout… non non… du tout j’ai dit !! Je file chez la voisine qui me nourrit généreusement, en guettant les nouvelles. « Allo, le vieux canapé de Mamie, on le balance ? » Oui ! « Et les petites commodes de ta chambre d’ado dont on ne se sert plus depuis 10 ans ? » Oui, aussi !
13h30. C’est bon, le camion part, chargé à bloc ! 5m3 de plus bien utilisés… pour sans doute au moins 10 de superflu. Il va y avoir du tri au déballage, surtout quand on envisage la décoration minimaliste qui nous attend…
16h. Après un bref passage au magasin de batteries (je peux revivre), me voici déposée à la gare par Mégamoy qui repart chercher de la peinture, histoire de cacher un peu la misère. 7 ans avec enfants, ça laisse des traces. Pour moi, direction Compiègne chez super cousine pour la partie plus pratique de l’installation. Guichet automatique, je récupère mon billet acheté à l’avance (enfin une chose qui a pu être prévue il y a plus de deux semaines). Enfin, j’essaye. Impossible, il faut la carte qui a servi à l’achat… celle de Mégamoy ! Allo, t’es loin ? Un demi-tour et un re-dernier bisou plus tard, me voici dans le train, direction la nouvelle vie.
17h. Le cœur est gros, cette fois c’est vraiment fini. Lyon s’éloigne, je lui tourne le dos. Je devrais envoyer des textos, dire au revoir aux copines, mais rien que d’y penser les yeux se mouillent. Je ne vais pas pleurer en première classe quand même… Tant pis, elles comprendront.
Les filles (et les garçons), sachez que vous me manquerez énormément. Je ne peux nommer tous ceux que j’emporte dans mon nouveau cœur picard car ils sont nombreux, mais ils se reconnaîtront. Que ce soit au rugby, au boulot, dans la résidence ou à l’école, je laisse des amis pour la vie ! Merci pour toutes ces années, et un grand merci pour tous vos témoignages d’amitié, physiques ou virtuels (vacances et départ express obligent).