Une question de poids
A votre avis, que fait une femme enceinte quand elle en croise une autre ? Réponse à près à 100% : elle observe la taille du ventre, et jauge du terme par rapport à sa propre expérience. Après cette rapide étude, plusieurs réactions sont possibles : soit de la jalousie, soit de l’empathie, voire carrément de la pitié (surtout lorsque la gestation plus qu’évidente s’accompagne d’une démarche pachydermique). Mais autant la solidarité entre futures mères est automatique, et donc les regards accueillis avec bienveillance, autant certaines remarques venant de personnes n’appartenant pas à ce milieu fermé peuvent être plus difficilement tolérés.
Pas plus tard que la semaine dernière, après avoir bavé devant le ventre quasi-plat d’une jeune mère de moins d’une semaine à la sortie de l’école, voilà que la question fatidique est arrivée venant d’une inconnue : « c’est pour bientôt ce bébé ? » Bah… je ne sais pas, deux mois c’est bientôt ou pas pour vous ?? (à éviter également bien que déjà entendu : « vous êtes sûre qu’il n’y en a qu’un ? », « vous allez éclater »…) Honnêtement un peu vexée (sachant que huit semaines, c’est encore trèèès long), ni une ni deux, en rentrant on fait le tour des cartons encore pleins pour en extirper celui que l’on adore détester : le pèse-personne (et même deux, un électrique et un à aiguille, on ne sait jamais)…
A cela, une raison principale : la dictature du poids et la surveillance quasi militaire de son évolution. Au cœur de chaque application ou site internet dédié à la maternité, une courbe permet de vérifier, avec plus ou moins d’appréhension, que l’on ne s’éloigne pas trop de la norme. Pourquoi l’angoisse doit-elle monter chaque mois au moment de monter sur la balance et annoncer le verdict à notre praticien ? Parce qu’ils ont le don pour culpabiliser pardi ! Pourquoi ont-ils tendance à oublier qu’une femme enceinte est bourrée d’hormones et particulièrement encline à la susceptibilité ?
Personnellement, je me souviendrai de la petite pique de ma sage-femme lorsque j’affichais 4kg supplémentaires à un peu plus de 3 mois de grossesse. « J’ai tendance à prendre beaucoup au début et à stagner après », ai-je cru bon de devoir la prévenir. « Oui bah on verra… » On verra quoi ? En gros, tu m’annonces que je vais finir obèse c’est ça ? Sachant tout de même qu’elle m’avait quand même dit le mois précédent « du sport ? pour quoi faire ? », on nage un peu dans la contradiction, non ?
Avantage de passer de mains en mains comme je peux le faire depuis le début de cette aventure, il faut avouer que la surveillance de la courbe est moins pointue. Et en cas de mauvaise surprise, il suffit de tout mettre sur le compte du changement de balance (ce qui ne fonctionne que dans un sens, bien entendu) ! Autre petit truc (inavouable ?), on nous demande toujours le poids d’avant grossesse. Autant je me souviens parfaitement du soir de la conception, autant je n’avais pas anticipé en me pesant le matin même, ni dans la période précédant le test… Donc autant évaluer le poids « à peu près », non ? Et il est beaucoup plus aisé de calculer une évolution à partir de 60 plutôt que 58-59 virgule quelque chose… Oui je sais c’est un peu honteux (quoique), mais cette petite marge m’a sans doute évité pas mal de déconvenues 😉 Par ailleurs, j’ai également tendance à ranger la balance à quelques semaines du terme, lorsque l’objectif maximal est atteint. Comment ça, il paraît qu’on prend beaucoup les quinze derniers jours? Personnellement je me suis arrêtée à +15…
En résumé, petit message : dans les premiers mois de grossesse, une future maman aime qu’on lui fasse remarquer le joli bidon qui pointe. Mais à partir d’un certain stade, elle préfère entendre qu’elle a un petit ventre. Et à tous les futurs papas, votre compagne se sent forcément trop grosse, n’oubliez pas de lui dire qu’elle est belle !
*Petit édit vécu cet après-midi même : à la caisse prioritaire de chez Carrefour, je tombe sur un monsieur absolument adorable qui me laisse passer (déjà extraordinaire), et me lève même les courses ! 20/20… jusqu’à la remarque « c’est pour bientôt? » « oui » (je n’étais pas d’humeur à préciser) « ah vous faites les dernières courses alors ! »… euh… dans deux mois le frigo risque d’être un peu vide… j’aurais dû lui laisser ma carte pour qu’il lise cet article…