Quand le premier enfant paraît, c’est l’heure de l’émerveillement.
Le temps des premières fois, à tout instant. Le premier regard, le premier rire, le premier biberon, la première nuit, les premiers petits pots, les premiers pas… On voudrait tout, le plus vite possible (surtout la nuit).
On nous dit de profiter, mais comment profiter quand on manque de sommeil ? Quand tout va si vite autour de nous ? La Terre ne s’arrête pas de tourner pour nous laisser le temps de contempler ce petit bout d’homme, cette merveille que l’on a imaginée avant même qu’elle grandisse au coeur de nos entrailles.
Ce petit bonhomme, qui nous comble chaque jour. Toujours heureux de vivre, avec ce regard ravageur et ce sourire qu’il offre sans discrimination. Ce petit chuintement, qui rend adorable la moindre de ses réflexions ou interrogations, souvent bien (trop) pertinentes pour son jeune âge. Ses chants d’une justesse si fine. On se dit toujours qu’il faudrait l’enregistrer, pour en garder une trace. Et puis on passe à autre chose. Après tout, comment oublier ce qui fait notre quotidien ?
L’avenir n’attend pas
On doit avancer, toujours plus loin, toujours plus vite. Agrandir le toit, agrandir la penderie, agrandir la voiture, agrandir la famille…
Alors, on répond à ces attentes. Avec bonheur et envie, bien sûr. Le ventre s’arrondit de nouveau, cette fois on est 3 à attendre. Et quand le foyer passe à 4, on s’émerveille de ces yeux pétillants à la découverte du berceau. De ce moment hors du temps, celui du premier biberon qu’il donne « parce qu’il a faim ».
« Je ne suis plus tout seul ! »
D’enfant unique, il devient frère. Il est grand, maintenant. Et ce changement brutal de statut lui confère de nouvelles responsabilités. Il doit veiller, lui aussi, sur ce petit être. Qui pourtant lui vole la vedette. Certes, il reste l’aîné, celui des premières fois. Et s’il est ravi car il n’est « plus tout seul », il est poussé vers l’avant. Peut-être un peu vite.
Et ce regard, autrefois braqué sur lui en permanence, se détourne de temps en temps. De plus en plus. Alors, il fait des bêtises, pour continuer à exister. Et ceux qui n’ont jamais crié commencent à hausser le ton. Effet raté…
La vie continue, la Terre tourne toujours aussi vite. On passe des étapes, plus ou moins grandes. L’entrée au CP, au collège, puis au lycée… Entre temps, la famille s’est encore agrandie, le regard s’est encore divisé, même si l’amour s’est démultiplié. Parfois les portes claquent, l’adolescence s’est invitée au bal. Heureusement, la tendresse est toujours là, même si on ne le montre pas devant les copains.
Ce qu’il ne sait sans doute pas, c’est qu’il émerveille toujours autant ses parents.
Le temps d’un regard détourné, d’une vie qui s’accélère, le petit blond aux yeux merveilleux est devenu un jeune homme, qui s’amuse à regarder sa maman d’en haut.
Le temps d’un regard, il s’est construit un avenir, une vie que l’on ne peut qu’observer de loin. Le petit bonhomme frêle est devenu vaillant, sportif, courageux et ambitieux. Cet amour de son prochain et cette empathie naturelle, il les mettra au service des autres.
15 ans de parents
Mais nous, dans cette histoire ? Il y a 15 ans, nous devenions parents. Nous héritions de cette responsabilité si forte d’élever, de protéger un petit être. Le temps d’un regard, d’un battement de cil, le voilà qui s’apprête à prendre son envol. Lui aimerait arriver vite à cette ultime étape. Nous, de l’autre côté de la barrière, préférerions arrêter le temps.
15 ans, c’est peu et c’est beaucoup à la fois. Oui, il reste encore quelques années avant qu’il ne devienne réellement adulte, qu’il ne quitte réellement le nid. Mais à le voir, si grand, si beau dans son uniforme, le regard déjà tourné vers son avenir, on sait que ce temps arrivera bien trop vite.
Et, parfois, avec nos yeux pleins de larmes de fierté de voir ce que nous avons accompli, on se demande si on n’a pas laissé filer trop vite ces 15 dernières années…
On le comprend, maintenant. Oui, il faut profiter. De chaque instant, de chaque moment. Car la vie n’attend pas. Et un jour, sans prévenir, elle finit par s’échapper.
Bon anniversaire mon Maximoy !