Leur avenir est entre nos mains

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Quand Maximoy improvise une affiche…

Hier, comme tous les matins j’ai allumé la radio. Comme tous les matins j’ai tendu une oreille encore endormie vers les nouvelles. Mais ce que j’ai entendu m’a réveillée d’un coup. Au lieu de la victoire annoncée historique d’une femme, c’est un milliardaire égocentrique à la personnalité plus que sulfureuse, qui va poser ses valises à la Maison Blanche. Xénophobe, misogyne, homophobe, les mots ne manquent pas pour décrire les multiples raisons de s’affoler de ce résultat. Seulement il a été élu, et l’on ne peut que respecter une démocratie pour laquelle tant de personnes se sont battues. Les Etats-Unis ne sont pas une république bananière, personne n’a été forcé de choisir un nom plutôt qu’un autre sur leur bulletin de vote.

Maintenant, tout le monde a le regard tourné vers l’avenir et s’inquiète des prochaines élections. Ce qui m’inquiète personnellement, c’est qu’il semble acquis pour tout le monde qu’il ne reste qu’une seule place pour le deuxième tour. Qui va avoir la lourde tâche d’affronter le populisme ? La question ne devrait-elle pas être « que faire pour que le populisme ne soit pas considéré comme normal »? Bon, soyons honnêtes, à part dire « allez voter ou ne vous plaignez pas », je ne dispose pas de la réponse pour 2017 (sinon je ne serais pas une simple blogueuse, mais titulaire d’une chaire à Sciences Po).
En revanche, il est possible d’agir pour les futures échéances, dès maintenant. Car dans 5 ans, certaines de nos têtes blondes auront l’âge de choisir. Et si nos enfants ne développent pas tout jeunes une capacité à réfléchir par eux-mêmes, après il sera trop tard. Et ce qui m’inquiète plus que les récents résultats des élections américaines, c’est que je peux observer au quotidien.Certes, tous ces messages de stupeur, de peur, de tristesse, tous ces messages sont justifiés et je les partage. Mais après ? Si comme après chaque tremblement de terre on continue à vivre comme avant, aucune raison que cela change.
Quel monde montrons-nous à nos enfants ? Comment leur apprendre la tolérance, si nous n’ouvrons pas nous-même notre cœur ? Comment leur apprendre la citoyenneté, si notre seule vote se fait par un SMS surtaxé ? Comment leur apprendre le respect, si nous les abreuvons d’images où l’humiliation devient banalité ? Comment leur apprendre la culture, s’ils n’ont jamais mis les pieds dans un musée ?

Où sont passés nos idées et nos idéaux ?

Personnellement, je fais partie des nombreux parents qui ont déposé leur premier bulletin de vote présidentiel un certain 21 avril 2002. J’étais de ceux qui se sont effarés au fil du dépouillement. J’étais de ceux qui ont eu peur, qui ont eu envie de descendre dans la rue pour prouver au monde entier que la jeunesse n’était pas d’accord. Mais après ? Cette jeunesse a grandi, mais aurait-elle oublié ce qui l’a tant révolté ? Le droit de vote n’est-il réservé qu’aux autres ? Plus que la montée des extrêmes, l’abstention m’effraie. Quel exemple pour nos enfants, quand leurs parents se contentent de subir les choix des autres, quand ils n’ont jamais mis les pieds dans un bureau de vote, quand personne ne leur explique à quoi servent les panneaux électoraux déposés contre les grilles de leur école ?
En 2016, Donald Trump a donc été élu démocratiquement, par une majorité des personnes qui ont daigné se déplacer pour accomplir leur devoir citoyen. Est-il nécessaire de rappeler qu’en 1933, un autre candidat obtenait la majorité des suffrages dans son pays ? Ce candidat s’appelait Adolf Hitler… Loin de moi l’idée de proposer un parallèle entre ces deux personnalités, mais ils ont un point commun, leur légitimité au moment de l’élection est indéniable. Et lorsque les bureaux de vote sont fermés, il est trop tard pour revenir en arrière si la carte d’électeur n’a pas été tamponnée.

Mes 20 ans, c’étaient également les balbutiements de la télé poubelle. Quand il était de bon ton de vilipender le loft. Aujourd’hui, j’observe avec inquiétude les audiences galopantes d’émissions dont le QI des participants est inversement proportionnel au nombre de followers, où un chroniqueur peut être gravement ridiculisé sans conséquence, où le sentiment amoureux est bafoué. Bien entendu, personne n’aime ces programmes, mais bizarrement ils se multiplient. Les patrons de chaîne ne sont pas humanistes au point d’investir sur des idiotes sili-connées et sans avenir, si les résultats ne suivent pas.
Est-ce réellement de cette façon que vous souhaitez que vos enfants développent leur esprit critique ? Leur seule vision géographique de la France peut-elle se résumer à un affrontement entre Chtis et Marseillais ? Sont-ils vraiment obligés de subir des images de nouilles dans un slip, sitôt leurs devoirs terminés ? Certes, après une journée de travail nous avons tous besoin de décompresser. Mais si ces décérébrés peuvent vous aider à vous vider la tête, de quoi remplissent-ils le cerveau des plus jeunes ?…

Dans les années 80, encore trop petite pour battre le pavé, je regardais la jeunesse défiler avec une main jaune sur le cœur. « Touche pas à mon pote »… Et maintenant ? Où est passée la tolérance ? Où sont passés ceux qui criaient dans leurs mégaphones que l’amour n’a pas de couleur ? Et où est la tolérance lorsqu’il n’y a plus de respect ? Respect des autorités, respect des institutions, et surtout respect d’autrui ?
Quand on voit des parents mettre en doute, voire contester, la parole et la légitimité d’un enseignant, quand on entend sur le bord d’un terrain certains parents qui, au lieu d’encourager leurs enfants, conspuent leurs adversaires en culottes courtes, quand on entend les mots fleuris que certains supporters peuvent s’échanger dans les tribunes, sans se soucier des petites oreilles qui les écoutent religieusement, quand on observe la recrudescences des incivilités au volant, alors même qu’il y a quelqu’un dans le siège auto, comment peut-on s’étonner des joutes physiques et verbales dont peuvent faire preuve les plus petits ?

« C’est gentil un corbeau ça ne fait rien de mal. Ce n’est pas parce qu’ils ont un gros cri qu’ils sont méchants »

Nos enfants sont des éponges, des miroirs. Ils ne sont que le reflet des adultes qui les entourent, alors qu’au départ, le racisme, la haine et la violence ne sont pas innés. Il suffit d’observer une cour d’école pour vérifier que la couleur de peau, le sexe ou même la langue n’ont aucune incidence, lorsqu’il s’agit de former des groupes de jeu.
Hier, alors que je lui disais que je n’aimais pas trop les corbeaux, Minimoy m’a répondu avec l’innocence de ses 5 ans : « bah pourquoi ? C’est gentil un corbeau ça ne fait rien de mal. Ce n’est pas parce qu’ils ont un gros cri qu’ils sont méchants! »… Je venais de prendre une leçon de tolérance par mon propre fils. Et si on les écoutait, les enfants auraient tellement à nous apprendre…

Alors comment faire pour conserver cette fraîcheur, et développer une ouverture d’esprit et un libre arbitre qui les rendront hermétiques aux discours extrêmes ?
Je vous rassure, loin d’être un exemple je ne me pose pas en donneuse de leçons. Mais il est grand temps de réfléchir aux armes que l’on transmet pour permettre à nos jeunes de s’offrir un monde meilleur.
Après les avoir conçus, à nous de développer les sens de nos enfants. Ecouter, ce n’est pas juste entendre. Regarder, ce n’est pas juste voir. Apprenons-leur à aimer lire, rien qu’en leur lisant une histoire chaque soir. Apprenons-leur à aimer se cultiver, en les emmenant au musée (les musées nationaux sont gratuits pour les enfants, et pour tous le premier dimanche de chaque mois), en leur faisant découvrir la musique classique (non, Mozart n’est pas qu’une comédie musicale).
Apprenons-leur à devenir acteurs de leur environnement quotidien, à ne pas subir toutes les sollicitations extérieures. Ils aiment une chanson, au delà du refrain repris à tue-tête en comprennent-ils les paroles ? Ils regardent en boucle un dessin animé, au delà des jolies images (et des musiques entêtantes) que pensent-ils de la morale de l’histoire ? Ils tombent sur un clip un peu sulfureux, quelle image leur renvoie t’il de la femme ? Ne jamais penser qu’ils sont trop petits, il n’est jamais trop tôt.
Un enfant qui apprend à apprendre, qui apprend à réfléchir, qui apprend à observer, qui apprend à échanger, sera un adulte qui saura penser.

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