Cadet : la place compliquée
Ce matin, pour le troisième jour consécutif j’ai laissé Minimoy en pleurs dans la cour. Non pas qu’il déteste l’école, mais il voudrait passer plus de temps avec sa Maman, notamment à midi. Capricieux ce bonhomme ? Peut-être pas. Minimoy souffre d’un mal qui risque de faire écho auprès de quelques lectrices et lecteurs : c’est le cadet. Trop grand pour être petit, mais également trop petit pour être grand. Etant l’aînée, j’avoue ne jamais m’être penchée sur cette problématique, mettant les humeurs de ma sœur sur les conséquences d’un fichu caractère 😉 Mais lorsqu’il s’agit de son petit accroché aux grilles pour un dernier bisou, il ne s’agit plus de laisser passer le vague à l’âme, il faut le comprendre.
Minimoy, c’est un gros dur. Un petit garçon qui ne pleure jamais pour un bleu, qui se laisse faire en silence lorsqu’il faut enlever une écharde, qui n’a jamais eu peur du noir (sauf pour gagner du temps). Un mini champion qui ne combat pas au judo pour jouer mais pour gagner, qui ne souffre pas de la comparaison avec les plus grands lorsqu’il s’agit de sortir les poings, ni de la différence de taille lorsqu’il s’agit d’intégrer la grande école à 5 ans…
Alors, lorsque les premières larmes apparaissent au bout de deux semaines d’école, je pense tout d’abord à de la fatigue. Le CP demande beaucoup d’énergie, rien d’étonnant. Mais les matins passent et se ressemblent un peu trop. Minimoy ne veut pas aller à la cantine. Ceux qui le connaissent savent pourtant que la nourriture n’est pas un problème pour lui. D’ailleurs il annonce systématiquement finir les assiettes voisines (même les choux de Bruxelles). Le seul problème de la cantine selon lui, c’est qu’il « perd du temps avec Maman ». Du temps accordé à Micromoy…
Car mon Minimoy, c’est aussi un grand cœur qui ne peut s’endormir sans doudou ni pouce, qui vient souvent finir ses nuits dans les bras de sa Maman, qui adore faire la sieste dans l’oreiller de Papa, qui vénère sa petite sœur et ne peut passer la porte de l’école sans l’embrasser tendrement.
Trop grand ou trop petit ?
Minimoy, c’est surtout un petit garçon pris entre deux feux. Il aimerait être aussi grand que son frère, mais il ne l’est pas assez pour aller à l’école tout seul, pour partir en colonie, pour faire du surf, pour se baigner sans surveillance ou pour laisser un peu la lumière allumée avec un livre (forcément, difficile à défendre quand on ne sait pas lire). Trop petit aussi pour éviter la sieste du week-end, pour faire le biberon de sa sœur ou même la porter sans l’aide d’un adulte…
Mais il est déjà (théoriquement) trop grand pour que ne soient pas tolérés la salle de bain transformée en piscine, la chambre changée en annexe des puces de Saint Ouen, les repas sans couverts, les dents non brossées et les cheveux non peignés, la chasse d’eau non tirée ou le sommeil de Micromoy non respecté…
Il n’est pas l’aîné, celui qui a toujours les vélos et les jouets neufs, la primeur et l’extase des premières fois… Il est rarement celui qui choisit la chaîne, il n’est jamais celui qui invente les règles du jeu, il n’est pas celui qui court le plus vite, qui pèse le plus lourd, donc généralement c’est celui qui perd et qui subit l’injustice des grands.
Il n’est plus le petit dernier, celui qui concentre toute l’attention, qui attendrit au moindre sourire, qui régit l’emploi du temps de la famille entière, qui reste avec Maman toute la journée…
Non, il est celui du milieu, celui à qui l’on demande souvent de grandir plus vite, trop vite, tout en regardant son frère jouir de droits qu’il doit patiemment attendre.
Alors, grand ou petit ? Unique, tout simplement. C’est pour cette raison que j’ai décidé de lui accorder plus de temps, à lui tout seul. Une activité manuelle (et pour cela, merci à Tiniloo qui propose chaque mois une box créative que je vous invite vivement à découvrir), une sortie, une histoire ou juste un câlin : il existe tellement de possibilités de lui montrer que sa position est certes au milieu, il occupe autant de place dans mon cœur que les autres.
Parce qu’au final, celui qui a subi le plus de chamboulement lors de l’arrivée de Micromoy, c’est bien lui, et on a eu trop tendance à l’oublier, jusqu’à ce qu’il l’exprime à sa façon…
La vie d’un 2eme enfant dans une fratrie de 3
Quelle était ta place à toi dans ta fratrie?
j’étais l’aînée