L’allaitement, parcours du combattant ?
L’OMS le dit, l’allaitement maternel est recommandé jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Et forcément, une mère veut ce qu’il y a de mieux pour son bébé. Alors, toute poitrine dehors, on se lance corps et âme dans l’aventure. Et en parlant d’aventure, je pèse mes mots. A vos lassos Indiana Janes, moult obstacles seront à traverser pour atteindre le sein-graal.
Première étape, le colostrum, ou les premières mises au sein. En résumé, pour stimuler la montée de lait il faut être à l’affût du moindre signe de bébé pour lui proposer à manger, d’autant que la prise de poids est surveillée au gramme près. Pas de souci, mais concrètement il s’agit donc d’offrir nos mamelons à longueur de journée en mode open bar, alors que quelques heures auparavant le magasin était vide. Habitué à être nourri à longueur de journée, notre client ne comprend pas forcément que le ravitaillement connaisse quelques pauses. Il tète alors avec vigueur et insistance, plus ou moins bien, laissant souvent le restaurant en véritable chantier de rénovation. Crevasses, gerçures, irritations, avec pour seule alliée la crème à la lanoline et l’air libre (non compatible avec les visites prolongées), les trois premiers jours représentent une réelle épreuve en attendant impatiemment la suite.
Deuxième étape : la montée de lait. Un des premiers signes de la grossesse, le gonflement des seins devient souvent une source d’adoration pour le futur papa. Mais là, au réveil, il ne s’agit plus d’une poitrine généreuse, mais de véritables armes de guerre ! Des obus de destruction massive d’un volume insoupçonné, prêts à exploser. Et contrairement à la veille, c’est Maman qui est en demande. Le stock de munitions se recharge trop vite, et il faut absolument que bébé vienne soulager le trop-plein douloureux. Aux maux précédemment cités (qui ne disparaissent pas par enchantement), il faut donc également ajouter les engorgements (et là, vive la douche chaude).
Troisième étape : le premier pic de croissance. Grâce aux vertus reconnues du lait maternel pour la cicatrisation, parfois via le truchement de bouts de seins en plastique (pour le glamour on attendra), le retour à la maison s’accompagne enfin d’une amélioration de la mise au sein. Entre les tétées, bébé dort (un peu), on arrive même parfois à faire des siestes pour se remettre des nuits chaotiques. Sauf que voilà, aujourd’hui c’est des crises de pleurs à longueur de journée, impossible de le calmer, il semble avoir faim en permanence. Problème de lait ? Petit coup d’œil sur le calendrier, loulou a 10 jours. On ne vous a jamais parlé des pics de croissance ? 24 à 48 heures de rêve où l’allaitement à la demande prend ses signes de noblesse… A raison généralement d’une tétée d’au moins 30 minutes toutes les 2 heures maxi, il ne s’agit plus d’être une mère mais une tétine ambulante. La raison ? Une augmentation des besoins nutritifs qui permet une modification de la nature du lait. Et il va falloir recommencer à 3 et 6 semaines, puis à 3 et 6 mois youpi !
Quatrième étape : le tire-lait. Pour appréhender le retour au travail, laisser un peu de place au papa ou enfin bénéficier d’un peu de temps libre, on peut être amenée à faire appel à la technologie pour remplir des biberons, avec plus ou moins de réussite. Si pour certaines la collecte ne pose aucun problème, pour d’autres en revanche (dont je fais partie) cela peut devenir vite compliqué. Psychologiquement d’abord : vous avez déjà visité une exploitation de vaches laitières (ou regardé l’Amour est dans le Pré)? Et bien le tire-lait, c’est pareil. Et m’assimiler à une simple productrice de millilitres, personnellement j’ai du mal. Et pourtant, à chaque fois j’y retourne.
Les années passant, la technologie évoluant, je me dis que ça fonctionnera mieux. Cette fois-ci, je me retrouve avec une machine à double pompage, et en couleurs ! Sauf que je n’ai toujours que deux mains et tenter de tirer les deux seins en même temps devient vite mission impossible. Il faudra m’expliquer comment réguler le rythme tout en tenant deux biberons de part et d’autre du buste… Alors quand mes mamelons virent au violet après avoir triplé de volume sans avoir délivré la moindre goutte, et manquant d’exploser, je renonce au progrès.
De toute façon, le peu de tentatives réitérées par la suite s’avèrent peu fructueuses. Je supporte difficilement la pression des millilitres qui augmentent trop lentement, véritable cercle vicieux car le stress est réputé pour restreindre la lactation. Et de toute façon, le peu de lait que j’ai je préfère largement le donner directement à ma Micromoy préférée. Car oui, je fais partie d’une infime minorité de mamans qui ne produisent pas suffisamment. La raison majeure ? Une puce qui dort trop bien la nuit… Que celui aurait cru que cela puisse être un inconvénient se lève… et aille rajouter la tétée manquante lui-même. Personnellement je ne me vois pas mettre un réveil pour aller la nourrir dans le froid, alors qu’elle dort à poings fermés dans son lit. Mère indigne peut-être, mais mère reposée, je ne me vois pas non plus la reprendre dans la chambre conjugale, pour que l’odeur alléchante de ma poitrine lui donne subitement envie de mettre fin aux nuits de rêve.
Donc si elle ne mange pas la nuit, il faut qu’elle mange le jour (oui j’aurais pu faire Polytechnique). Bien accompagnée par ma sage-femme (voir également périnée en chantier), je lance l’opération sauvetage de la lactation. C’est parti pour une cure de tisanes bio au fenouil (un régal, j’ai comme l’impression de siroter du bouillon sucré à longueur de journée) et de compléments alimentaires (vitamines et levure de bière, je préférerais une bonne Heineken), tout en proposant le sein plus régulièrement (comme un pic de croissance mais provoqué). Au bout de quelques jours, la mission commando portant ses fruits sur la profondeur de mon bonnet, mais pas encore suffisamment (voire pas du tout) sur la balance, c’est à contrecœur que l’introduction du lait artificiel (en complément) s’annonce inévitable. Une annonce accueillie avec joie par Maxi et Minimoy, trop heureux de pouvoir donner le biberon à leur petite sœur adorée. Mégamoy n’est pas en reste, ce qui permet de déculpabiliser un peu mon cœur de maman déçue de ne pouvoir nourrir correctement sa fille.
Pour le moment en tout cas, l’allaitement mixte fonctionne, et ce malgré les inconvénients. En effet, plus question d’allaitement à la demande dans la mesure où la digestion du lait artificiel est plus lente. Et parfois l’attente se fait bien longue…
Par ailleurs, comme les bébés nourris au biberon, Micromoy ne produit généralement qu’une selle par jour. Mais comme ceux nourris au sein, la consistance est plutôt liquide. Je vous laisse imaginer le résultat… explosif.
Et je ne parle pas non plus du temps nettement rallongé de chaque repas. Les deux seins + 60ml de biberon, et ce toutes les trois heures six fois par jour, cela revient très vite…
Pour autant, pas question de mettre fin à l’allaitement. Quel bonheur de regarder notre petit bout dévorer avec délectation ce que notre nature leur offre, et de se laisser envahir par une bouffée d’amour (et d’ocytocine). Un lien merveilleux qui rend acceptables tous les efforts consentis pour le conserver le plus longtemps possible. Et si malgré tout l’arrêt est inévitable, un seul mot : déculpabilisation ! Dans tous les cas, sein ou biberon, bébé ne manquera jamais de l’essentiel, l’amour de sa mère.
Pour moi l allaitement ne sait jamais bien passé. Avec l aîné il avait pas pris assez de poids et il mettait une heure à boire donc on a rajouter les biberons et le deuxième et ben il voulait pas prendre au sein donc obligé de le tirer et j en avais pas bcp donc j ai tenu qu un mois. Psychologiquement pour les jumeaux je me dis que ça va pas être jouable surtout avec les deux premiers à s occuper…
C’est sûr que l’allaitement de jumeaux doit être sérieusement compliqué. Alors avec deux aînés en bas âge je n’ose imaginer…
Le principal c’est que ce soit en pleine conscience, et sans regret.
Courage en tout cas
[…] tétée de 10h30 commence sérieusement à peser au quotidien car, allaitement mixte oblige (voir l’allaitement, parcours du combattant), Micromoy a besoin d’une heure pour être repue. Et bizarrement, ça me plombe la […]