Encore un voyage (presque) sans histoires
Vous commencez à en avoir l’habitude, lorsque la bande se met en route avec les microbes, rien ne se passe comme prévu. Vous allez même finir par croire que j’enjolive, voire que j’invente, or tout est rigoureusement vrai. Cette fois-ci, l’objectif du voyage est de se rendre en Camargue pour un long week-end au soleil bien mérité. Mis à part le fait qu’il faille traverser la France pour affronter les moustiques tigres, les éléments (et les syndicalistes) semblaient s’être ligués pour nous empêcher d’arriver à destination. Petit récit d’une nouvelle épopée familiale…
Une bonne semaine avant le départ, la machine logistique est en place. Objectif annoncé : rallier le Sud. Train et voiture réservés, il ne reste plus qu’à optimiser le convoi. Pas de stress, il suffit juste d’éviter d’oublier les maillots de bain, et les draps… et le lait de Micromoy… et de quoi occuper les grands pendant le trajet… et leurs pyjamas… et de l’anti-moustiques… et des serviettes… et du paracétamol pour chacun… Trop facile je suis rôdée c’est un jeu d’enfant.
Sauf que voilà, la grève de la SNCF s’invite dans la partie. Bien entendu, afin de limiter les dépenses, la réservation de la voiture n’est pas modifiable, même en cas de changement d’horaire du train (et je ne parle pas d’annulation). Moi qui déteste l’improvisation, je suis servie…
J-2 : Bon, apparemment le TGV est maintenu, reste la liaison TER à surveiller demain. Ouf on peut commencer les bagages, et sans les bottes car ils annoncent un beau soleil. Ce qui n’est pas vraiment le cas partout, car les éléments semblent se déchaîner et les crues s’amorcent. Bon, d’après Laurent Cabrol et ses potes, Paris devrait être épargnée. No stress.
J-1 : Finalement Paris ne devrait pas être épargnée, la Seine commence à monter youpi… Pour arranger nos histoires, le train qui devait nous permettre de rallier la capitale est tout simplement annulé. Seule possibilité, sauter dans celui de 8h30 et patienter 5 heures sur place avec tous les bagages et les 3 microbes. Trop facile, cette perspective fait déjà rêver…
Après réflexion, on oublie le TER et on opte pour le plan parking. Direction la gare pour retirer les billets et se faire rembourser. Une étape qui devrait être une formalité pour Mégamoy, mais c’était sans compter sur les services aboutis du chemin de fer national.
Première innovation, l’édition des billets invisibles. Alors que la famille d’un militaire ne peut voyager sans lui pour pouvoir bénéficier de son tarif réduit, le logiciel capricieux oublie d’imprimer (et de facturer) le sésame de Mégamoy. Et pas de bol, le train est complet (forcément, c’est la grève monsieur). Il aura le droit de monter dans le train (sympa), mais pas de s’asseoir.
Bon, tant pis. Pas de stress on a dit, monsieur est sportif, voyager debout ne fait pas peur. Passons au remboursement du TER. Ah bah non, monsieur, ce n’est pas possible car c’est un billet groupé avec le TGV. Ok votre train est annulé, mais rien ne vous empêche de prendre celui de 8h30. Et puis on ne peut vous rembourser le retour, car il n’est pas (encore) annulé… Là c’est la goutte d’eau. Monsieur se fâche, se refâche, insiste, re-insiste, et bizarrement la situation et le tiroir-caisse se débloquent (ferait-il peur en colère?). Le train, c’est réglé, reste à surveiller le zouave qui a déjà les pieds dans l’eau, car l’option amphibie n’est pas sélectionnée sur le billet.
Jour J : Le zouave n’a pas sorti les brassards, ceux de Minimoy sont dans la valise, le train semble à l’heure, tout rentre dans le coffre, le trafic ne semble pas saturé, allez tout va bien c’est parti (avec de la marge tout de même au cas où il faille sortir les palmes). Un petit détour par la Seine pour observer l’extra-ordinaire, et on file gare de Lyon.
Micromoy planquée dans l’écharpe, valise à la main, les microbes accrochés à la poussette dans laquelle trône un énorme sac, le convoi est exceptionnel, mais ce qui nous attend l’est tout autant : devant le quai, un amas de voyageurs franco-espagnols tentent de comprendre les consignes, à savoir un tri par destination au compte-gouttes à grands coups de mégaphones, de barrières, d’ordres et de contre-ordres. On se croirait dans Titanic, les premières classes d’abord, et ensuite battez-vous.
Heureusement pour nous, un ange à gilet rouge prend pitié de notre harnachement, et nous ouvre les portes du paradis… enfin, il nous autorise simplement à voyager assis, et ensemble de surcroît (les places sont distribuées aléatoirement, peu importe la réservation initiale). Bien entendu, on évite de crier sur les toits que Mégamoy n’a pas de billet. De toute façon, le risque semble minime : pour mener à bien sa tâche le contrôleur devrait enjamber des dizaines de jeunes hispaniques endormis dans les couloirs, rêvant sans doute aux merveilleux souvenirs de l’accueil français…
Au bout de 40 minutes, le train finit par quitter la capitale. Confortablement installés dans notre carré inespéré, tout le monde a mangé (à 14h, nos microbes sont fantastiques), et le trajet se déroule sans encombre… jusqu’aux gare intermédiaires et leurs lots de voyageurs dont on a évidemment pris la place, mais qui ne veulent rien entendre de l’enfer parisien (ce que l’on peut aisément comprendre, l’histoire des places distribuées à la louche étant tout de même plutôt inédite). Pas de stress, on se serre. Heureusement l’issue se rapproche. Le ciel se dégage, et Montpellier s’annonce.
Reste à récupérer la voiture de location, ce qui s’avère plus difficile que prévu, puisque le guichet est vide. Appels infructueux, centrale qui ne nous croit pas, enfants qui touchent à tout, encore une fois notre patience est mise à mal. Il en faudra plus pour gâcher notre soleil. Pas même l’agent revenant tranquillement au bout de 20mn sans un début d’excuse, ni la menace d’extinction définitive des deux téléphones. Les quelques minutes de GPS suffiront à nous faire arriver à destination, fin de l’épopée près de 9h après notre départ (soit 2h de moins que notre récent Lyon-Compiègne, on progresse. Voir les aléas de la route).
Et le retour me direz-vous ? Trop bizarre. Rien, pas le moindre contre-temps. La voiture de location est rendue 10 minutes avant l’arrivée du train, il ne nous reste qu’à rallier le quai sans courir. Mégamoy n’ayant toujours pas de billet, on imagine déjà un trajet debout, amende à l’appui. Et non, sa place ne sera même pas revendiquée. Le parking parisien n’est pas sous l’eau, les clés sont toujours dans la poche du manteau (pourtant resté avec les bagages), tout se passe trop bien nous ne sommes pas habitués. Et c’est avec étonnement, et non sans un certain soulagement, que nous atteignons notre domicile sans le moindre bouchon ni panne mécanique. Heureusement, car vous ne m’auriez pas crue. Quoique…