Oui je suis vieille…
La semaine dernière, la France perdait Gall. Quelques semaines plus tôt, c’était Johnny. On aime ou pas, mais une chose est sûre, c’est une partie de notre enfance qui est partie avec eux. Et là, je te sens perplexe cher lecteur : mais quel âge peut-elle donc bien avoir, elle fait pourtant si jeune (merci, merci) ?
Oui, j’ai beau être une maman dynamique, je suis une vieille maman : j’ai grandi dans les années 80… Oui, j’ai connu un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. Allez, ça te dit une petite plongée dans les Mondes Engloutis ?
Des divertissement de vieille
Ma première expérience musicale à moi toute seule était un 45 tours de Chantal Goya : Pandi Panda ! Et en face B, Polichinelle. Il a tourné, et retourné. Ensuite j’ai eu l’immense privilège d’avoir un Walkman, un vrai. Et autoreverse en plus ! Pas besoin de retourner la cassette au bout de la bande (mais une gymnastique mentale quand on voulait avancer ou reculer).
Je pouvais donc écouter « en boucle » (mate le sens de l’expression) les génériques de la 5, la meilleure chaîne de télé qui soit. Le matin on parlait anglais avec un bonhomme qui s’appelait Victor. Et le soir, c’était le lapin de « Youpi l’école est finie » qui nous montrait plein de trucs de filles et d’aventure : Jeanne et Serge, Cynthia ou le Rythme de la Vie, Princesse Sarah, Les Robinsons Suisses… En face, c’était le Club Dorothée mais ça on n’avait pas le droit à la maison. Il a bien fallu s’y mettre quand la 5 a fermé… Du coup à ce moment-là on n’avait que 4 chaînes (et Canal+ quand c’était en clair, notamment pour regarder Ca Cartoon le dimanche soir). Mais c’était difficile de capter M6, et parfois même FR3, il fallait chercher ou bouger l’antenne. Et FR3, c’était indispensable le samedi soir pour Disney Channel, avec Zorro et Jean Rochefort qui nous racontait une histoire de Winnie L’Ourson.
Des nouvelles technologies de vieille
Ma première télé était en noir et blanc. Ok on est vite passés à la couleur, mais c’était un budget énorme (tout comme l’engin d’ailleurs, un monstre ! et ça chauffait à mort !). Notre téléphone était à cadran (avec un écouteur derrière, je trouvais ça trop bien mais je n’ai jamais vu personne s’en servir). Au début on n’avait pas de micro-ondes ni de congélateur (tout au plus un freezer pour conserver les Mister Freeze).
En voiture, pas de siège-auto, d’ailleurs il n’y avait pas de ceintures à l’arrière de toute façon. Pour la fermer, il fallait appuyer sur le petit loquet à l’intérieur. La clé n’ouvrait que la portière du conducteur. Les premières voitures de mes parents avaient 4 vitesses. Et il arrivait souvent de caler au feu rouge. Pour écouter la radio, on tournait la molette. Si on ne trouvait pas de station, on passait sur la bande AM. De toute façon il n’y avait pas grand chose. Plus tard, quand j’ai eu mon propre radio-cassettes, je mettais Fun Radio à fond. C’était bien, c’était du rock. J’enregistrais les musiques sur ma cassette pour les réécouter quand je voulais (les Crash Test Dummies, Soundgarden…) Et le soir il y avait Lovin’Fun avec Doc et Difool, et après c’était l’heure de Max (mais ça c’était quand j’étais ado parce que c’était super tard, au moins 22h).
Des voyages de vieille
Chaque voyage était une fête. On jouait aux devinettes en famille, on apprenait (difficilement) les départements que l’on traversait (toujours les mêmes pourtant, mais qu’est-ce que la Dordogne et Périgueux ont mis du temps à rentrer!). On avait le droit à des mini paquets de bonbons Haribo, et on s’arrêtait au McDo sur la route (celui de Brive ou de Limoges généralement). C’était quasiment le seul de l’année, une grande occasion ! On retrouvait Ronald et ses amis, le bonhomme hamburger et le voleur en costume rayé noir et blanc. Sinon on allait au Courtepaille manger des glaces « petite maison ».
Un arrêt obligatoire, car pas question de faire le trajet d’une traite. Pour traverser la France, il fallait au moins la journée, voire la nuit. Parfois on mettait un sac marin entre les sièges et on dormait dessus. C’était confortable. Entre les quelques périodes de sommeil il fallait s’occuper, alors on chantait. Peu de radios captables sur les nationales de campagne, alors on écoutait des cassettes sur lesquelles Papa enregistrait les albums que les parents avaient emprunté à la bibliothèque, ou les quelques Compact Discs qu’ils s’étaient achetés. Forcément on finissait vite par les connaître par coeur: Johnny Hallyday et France Gall donc, Jean-Jacques Goldman (fais attention à toi je ne supporterais pas un nouveau départ), Starmania, et les internationaux (plus paternels) comme Pink Floyd, Elton John ou Supertramp.
Des musiques de vieille
Dans ma chambre en revanche, c’est moi qui choisissais la programmation. Les génériques et les cassettes Disney d’abord (on suivait l’histoire sur un livre en tournant la page au son de la clochette), puis les musiques de « grande »: Anne pour rester dans le Disney, tous les chanteurs AB qu’on regardait au Jacky Show le samedi matin, Elsa, Glenn Medeiros, Vanessa Paradis, Patrick Bruel…, avant que tout mon monde s’éclaire d’un coup en découvrant East 17 et Take That.
Chaque moindre franc était compulsivement dépensé dans un CD 2 titres ou un magazine pour peu que leur tête apparaisse sur la une (surtout celles de Tony et Gary, mes préférés, j’étais trop amoureuse ils étaient trop beaux!). OK Podium et StarClub (dont je collectionnais les cartes postales de bébé et les paroles de chansons) étaient frénétiquement lus puis déchirés pour que les posters (dédicacés) finissent sur le mur dont on ne voyait plus la couleur. Il y avait juste un (tout petit) peu de place pour Patrick Swayze et Tom Cruise.
Des jeux de vieille
Mon premier cinéma c’était Taram et le Chaudron Magique, j’y suis allée pour mon anniversaire (Il fallait bien se renseigner sur les horaires dans le Pariscope parce que les films ne passaient pas partout. Et il n’y avait souvent qu’une seule salle).
A cet anniversaire j’avais aussi eu une grosse boule avec une plateforme sur laquelle il fallait monter pour sauter mais c’était super difficile.
Sinon j’ai beaucoup joué aux Lego (avec des bonhommes aux têtes d’animaux), et à Barbie dont la seule ambition était de devenir ballerine ou maman. J’avais aussi un Popple’s et un gros lapin dans le ventre duquel je pouvais cacher des secrets.
Dans la cour de récré, on jouait à l’élastique et à la marelle, tandis que les garçons jouaient aux billes dans le bac à sable. Ils s’échangeaient aussi les images Panini pour espérer terminer leur album avec les équipes de foot. Moi c’était celui de Gwendoline puis d’Hélène et les Garçons (moi mon préféré c’était Sébastien, et avec Petitesoeur on chantait les chansons sans arrêt #ABProductionsforever). Plus grande, j’ai eu une Game Boy. J’ai joué des heures et des heures à Tetris et Mario. De toute façon pas le choix, je n’avais que deux jeux. Papa travaillait dans l’informatique, alors on avait aussi des ordinateurs. Du bureau il nous ramenait des disquettes (d’abord des grosses, souples, puis des petites) avec des jeux dessus. Pour les ouvrir il fallait taper c: puis dir/ et chercher les .exe c’était facile.
Des plaisirs de vieille
Et sinon ? Je sortais. Je prenais le téléphone fixe (après avoir demandé l’autorisation, parce que le téléphone c’était cher, et de toute façon les parents l’auraient vu sur la facture détaillée) pour voir si les copines étaient chez elles, et je partais les rejoindre.
Parfois on allait à pied dans la petite ville d’à côté pour s’acheter des bonbons chez « l’arabe du coin ». Avec quelques centimes on pouvait s’offrir plein de petites fraises rouges ou des Malabar. C’était pratique, le goût durait toute la journée. Pour mes bonbons préférés, les Frizzy Pazzy, il fallait quand même 1 ou 2 francs. J’adorais aussi les pieds ou les doigts qu’on trempait dans le sucre qui sautait sur la langue. Et parfois j’investissais dans un rouleau de Roll Up ou un tube de Tubble Gum pour pouvoir partager.
Il n’y avait jamais de sucreries à la maison, mais il y avait certaines exceptions. Par exemple, quand on allait au ski on pouvait prendre des barres chocolatées pour mettre dans les poches. Souvent je prenais des Nuts, des Sundy ou des Milky Way. Mais pas des Balisto parce que « c’est dégueulasse ». Le matin, avant de partir sur les pistes, je prenais un bon bol de bouillie et des tartines de beurre de cacahuètes que mon oncle avait ramené des Etats-Unis car on n’en trouvait que là-bas. Avant de prendre le téléski (sans casque), je glissais dans la machine ma carte à points verte accrochée avec un zip. Et selon l’endroit, la machine en mangeait un, deux ou trois étages… Les tickets de bus aussi se faisaient trouer par la machine. D’ailleurs il fallait faire attention, parce qu’à Paris, selon la longueur du trajet on pouvait être obligé d’en faire oblitérer deux.
Avec le recul, cette enfance était juste simple, difficile de ne pas en être nostalgique. Alors, même si je ne suis pas aussi vieille que pourraient parfois le penser mes microbes (non je n’ai pas connu la Deuxième Guerre Mondiale), parfois je sens quand même le poids des années… Et toi qui as lu ces lignes en te disant « ah oui!! », quels sont tes souvenirs d’enfance, quelles ont été tes années 80 et 90 ?
Oh mais oui, moi je suis vieille aussi!!! Mêmes références que toi, merci pour tous ces souvenirs!! On en a pas mal en commun!
je crois que ce sont des souvenirs communs à de nombreuses trentenaires (mis à part les ermites)
Oh my god tu décris à merveille mon enfance!!! Je pourrai t’écrire un commentaire de 100 lignes pour tout commenter!! T’as connu les puces aussi? Et les totottes en plastique? Et côté bonbons les roudoudous (?), les coquillages remplis de sucre? Piur ce qui est du telephone à cadran qui fait grrrrrrr et ou tu as envie de hurler si tu as oublié un chiffre, moi je me servais de l’écouteur, on adorait dans ma famille! D’ailleurs j’ai chopé un de ces socotels Ca s’appelle sur Ebay, et il marche parfaitement ! A cette époque on connaissait les numéros de téléphone et on surfait sur le Minitel ! Lol. Bref. Merci pour ces jolis souvenirs (on oublie…) qui semblent finalement d’une autre époque ! Ps: moi j’adorais les Nuts et les balistos jaunes et surtout violets! Et j’ai vu l’époque de Raiders qui s’est transformé en Twix (deux doigts coupe-faim) ahah!
mais oui le changement de nom des Raiders je savais bien que j’avais oublié quelque chose !
oui les puces j’en avais, et j’aurais rêvé avoir des énormes totottes et des Babies aussi mais pas de « fioritures » chez nous…
Les roudoudous je me coupais la langue à chaque fois alors j’ai vite arrêté.
Et oui, on connaissais les numéros par coeur, je me souviens encore du nôtre (il n’y avait que 8 chiffres ça allait plus vite)