Les voyages forment la jeunesse… ou pas

illustration-voiture-blogCeux qui commencent à me connaître savent que les kilomètres ne me font pas peur. Mais, à croire que tous se donnent le mot pour mes mots, les voyages se déroulent rarement sans histoires. Dernier en date, le retour des vacances de Toussaint. Un Lyon-Compiègne beaucoup moins long que le dernier (voir les aléas de la route), mais cette fois-ci je suis seule avec les trois microbes…

Prévoyante (on me prend rarement deux fois à commettre la même erreur), je prends suffisamment de marge histoire de ne pas risquer une nuit sur le bord de l’autoroute (même si cela me donnerait une excuse pour dormir avec mes enfants dans les bras).
Me voici donc partie de bon matin… enfin, de bon matin, à 10h50, car il faut d’abord refaire et fermer les valises, nourrir la marmaille (dont Micromoy qui, pour la première fois des vacances a décidé de ne pas faire de grasse matinée), les habiller, changer une deuxième couche, charger la voiture, punir les microbes (qui commencent très bien la journée), installer tout ce petit monde, passer faire le plein, angoisser un peu, maudire la terre entière, et c’est parti pour au moins 6h de bonheur… et de comédies musicales. Car l’inconvénient quand les grands sont punis, c’est qu’ils sont également privés d’écrans. Ou quand la justice se condamne elle-même… Le soldat rose, Emilie Jolie, Mozart, tout y passe, et ça passe le temps.

Bon appétit

Finalement, je me surprendrais presque à être zen. Presque personne sur la route, un grand soleil, Micromoy qui dort profondément pendant que Maxi et Mini écoutent religieusement M et ses copains les jouets, pas d’arrêt pipi ni de malade (tant mieux je n’ai toujours pas remis de sac plastique à portée de main). Tout va bien, trop bien.
Arrive le moment fatidique de la pause déjeuner. Pas le choix, il faut sortir de notre bulle et se fondre dans la cohue (somme toute modérée) des voyageurs affamés. Quelle chance, l’aire choisie est en grands travaux et la prochaine à 50km. Il va falloir s’y coller. Manque de bol, je suis née trop loin de Tchernobyl et ne dispose que de deux bras, pour cinq bouches à nourrir. Et pas de chariot pour multiplier les charges…
Un bébé dans une main, un plateau dans l’autre, sauf que trois repas ne tiennent pas. Et bizarrement je sens moyen-moyen mes microbes gigotants et têtes en l’air, avec une assiette pleine entre les pattes. D’ailleurs, il n’y a pas que l’assiette qui soit pleine. Mon expérience olfactive m’alerte sur l’urgence de débarrasser Micromoy d’une couche que je présage beaucoup trop pleine. Le car d’ados boutonneux qui vient de débarquer m’alerte aussi sur la nécessité de conserver notre place dans la file d’attente (et de toute façon les steaks surgelés sont déjà sur le grill). Pampers attendra donc, mais pas trop longtemps quand même…
Pour une fois, j’apprécie le fait que mes garçons touchent à tout. Vous saviez que le machin qui tombe tout le temps (et bien bruyamment) à l’arrière des chaises hautes sert à poser un plateau ? Bon, peut-être que oui, mais j’assume mon ignorance. Allez, tout ce petit monde est installé, le ketchup bien posé à côté des frites, il est grand temps de passer par la case change. Pas le choix il faut bien compter sur la maturité (très aléatoire) des grands, et les abandonner pour filer à la nursery (qui bien entendu est à l’opposé).

L’humidité ressentie par ma main sous le short de Micromoy m’indique que le temps presse. Or la nursery est utilisée par une maman qui, elle, n’a pas l’air très pressée. C’est donc bien nerveusement que je l’observe par le hublot s’appliquer à chercher le papier à poser sur le matelas, ne pas le trouver, tourner un peu, se résoudre à poser son bébé dans sa combinaison (donc aucun millimètre de peau ne touche le matelas), la déboutonner lentement, très lentement, puis déboutonner le pyjama (qui comporte beaucoup beaucoup de pressions), puis changer la couche, puis reboutonner le tout (toujours aussi lentement)… Pendant que de l’autre côté de la porte, je rumine, je maudis la terre entière, je pense à mes microbes qui doivent commencer à trouver le temps long, qui sont peut-être en train de produire un remake de Game of Thrones avec leurs fourchettes, ou pire… Et hors de question d’abandonner ma place pour retourner les rassurer, j’y suis presque…
Allez, c’est enfin mon tour. Je déplie rapidement mon tapis à langer (et oui, prévoyante j’ai dit), déshabille prestement Micromoy et… contemple avec désolation la caca-tastrophe qui s’offre à moi. Pas le choix, c’est un change complet. Ca tombe bien, j’avais le temps!… Heureusement je dispose d’une tenue, d’un nombre suffisant de cotons (voir l’épisode Center Parcs), et le dernier sac à couches servira à entreposer les vêtements souillés.

Allez, les boutons de la robe et le gilet attendront. Je file retrouver mes grands. Premier soulagement, ils sont toujours là, entiers. Les assiettes ont l’air de s’être vidées normalement je n’ai plus qu’à m’asseoir. « Maman, pipi! » Ah non là il va falloir te retenir, ta sœur doit manger. « Oui mais moi j’ai fini! » Forcément… Bon, tu attends ton frère et vous y allez à deux. Allez, on reprend une dose de stress et on leur fait confiance. Pendant ce temps, je lutte pour que Micro ne se retourne pas pour sourire aux voisins, je maudis la terre entière, et je tente de lui mettre une cuillère dans la bouche tout en visant la mienne à la fourchette… voire l’inverse quand les neurones s’emmêlent… heureusement que j’ai commandé de la ratatouille et non un curry bien relevé (et que le gros morceau d’aubergine ne finit pas en vomi). Bon, les garçons reviennent à peu près secs, à peu près sages, sans être accompagnés par un membre du personnel mécontent (à priori Minimoy est entré dans les toilettes de son frère en pleine action mais passons). Je passe mon tour pour les toilettes, je me vois mal assise sur la lunette avec ma fille sur les genoux et les garçons en pleine bataille d’eau… tant pis on verra plus tard.
L’épreuve du déjeuner est enfin terminée, direction la maison. Enfin, si j’arrive à sortir, car une voiture est garée juste derrière la mienne (alors que le parking est loin d’être complet). Pas de panique, de loin je distingue une forme humaine au volant… une petite mamie, paisiblement endormie. Enfin, pas si paisiblement, car elle ouvre un œil à mon passage et croise mon regard… pas assez convaincant, car elle referme les yeux aussitôt. Allez, j’installe tout mon petit monde, je maudis la terre entière, elle a le temps de reculer juste du petit mètre qui me sera nécessaire pour sortir sans encombre. Et bien non! C’est parti pour une manœuvre, surveillée par une mamie bien réveillée, qui doit avoir peur pour son pare-chocs (mais qui ne le déplace pas pour autant).

halloweenMission accomplie, objectif mis à jour. Il s’agit maintenant de rentrer à temps pour Halloween. Allez, les microbes ont prouvé que je pouvais leur faire confiance (et j’ai grandement besoin de calme), écrans autorisés ! La deuxième moitié du voyage se déroule d’un trait. Pas question de risquer une nouvelle aventure dans une aire d’autoroute, tant pis je ferai pipi à la maison. Arrivée avant la nuit, je suis une warrior ! Prête à maquiller vite fait les grands, vider les restes de bonbons l’année pour les donner aux monstres (non je n’ai pas honte), et ressortir pour 1h30 de chasse dans l’humidité et le froid. Car non, quand on est maman, on n’arrête jamais les missions. Et pas question de sauvegarder pour reprendre plus tard. Car plus tard, c’est trop tard.

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