Femme de militaire, femme de rugbyman, même combat

papa-enfants-rccDepuis un peu plus d’un an maintenant, je découvre la vie de femme de militaire. Les astreintes, les permanences, les horaires que l’on ne compte pas, les uniformes à laver, les déplacements (qui peuvent être très, très longs), l’angoisse quotidienne et la crainte de la blessure (ou pire)…
Pour le moment, je reste plutôt épargnée sur ces deux derniers points, mais impossible de ne pas vibrer lorsque cela concerne les copines qui se retrouvent seules à gérer le foyer, avec plus ou moins de nouvelles.
Bref, l’armée est un engagement qui ne touche pas que le militaire, mais l’ensemble de la famille. A plus de 30 ans (oui j’ai arrêté de compter), j’aurais pu être surprise et dégoûtée par ce nouvel aspect de notre existence. Seulement dans mon cas cet engagement fait écho à un autre, avec lequel je dois vivre depuis beaucoup plus longtemps : Mégamoy est sportif, rugbyman de surcroît…

défilé Rochefort

Les journées à attendre des nouvelles, les yeux rivés sur l’horloge en espérant le coup de téléphone qui indique que tout va bien, les repas pris seule avec les microbes, les soirées en tête à tête avec la télécommande, je connais. Les lessives boueuses de tissus rêches, aussi. Quant au fait de en pas savoir quand il rentrera, nul besoin de préciser que mon expérience est grande… Et pour l’esprit de corps, rugby et armée même combat. Appartenir à la même famille, défendre ses couleurs, tout donner pour ses camarades, il suffit de traîner sur les bords d’un terrain pour se rendre compte que ces valeurs-là sont essentielles.

Alors oui, chaque dimanche je maudis ce sport qui éloigne mon mari du poulet dominical. Je regarde avec envie les petits couples qui se baladent au parc pendant que je tente d’occuper mes microbes. Et quand j’entend le bruit d’une tondeuse dans la résidence, je regarde la friche dans mon jardin en me disant que l’herbe du terrain, elle, est coupée ras. Je ne compte plus les réunions de familles passées en mère célibataire, ni malheureusement les dimanches soirs passés aux urgences. Et quand il n’y a pas de match à jouer, il y en a toujours au moins un à regarder…
Alors oui, j’attends souvent le moment où j’entendrai « chérie, demain j’arrête ». Mais demain, c’est toujours demain. Et quand demain arrive, il reste toujours un dernier match, une dernière saison, un dernier challenge. A force on n’ose plus y croire, et on n’écoute plus les voix disant qu’on est bien folle de se laisser faire.

Un engagement qu’on épouse

Parce que cette passion, je l’ai acceptée. Et comme les femmes de militaires, j’ai épousé cet engagement. Oui, cela demande des sacrifices. Oui, ce n’est pas facile tous les jours de se retrouver seule avec ses angoisses. Oui, il s’agit d’un ménage à trois, Mégamoy, le rugby et moi. Et aujourd’hui même à quatre, car il faut ajouter la gendarmerie.
Mais quel bonheur de voir les étoiles dans les yeux des microbes quand ils s’élancent sur le terrain, dès le coup de sifflet final. Sur la pelouse, avec ce beau maillot, c’est leur papa. Oui, c’est lui qui chante la victoire. Et quand malheureusement c’est une défaite, ils la vivent en communion avec lui et leurs sourires de réconfort valent tous les mots du monde. Car eux aussi font partie de cette famille, de cette vie à part difficilement compréhensible quand on la voit de l’extérieur. Certes ils n’ont rien connu d’autre, ils ont grandi ainsi, mais je doute qu’ils échangent ces moments d’immense fierté.
Cette fierté, je l’ai revue dans leurs yeux quand ils ont assisté au défilé du 8 mai, puis quand ils ont eu le privilège d’assister à la remise de galons de Mégamoy. Après 6 mois d’attente, de séparations, ce bel uniforme était aussi le leur, tout comme une partie du maillot du dimanche leur appartient.

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Et quand les deux engagements se rejoignent, le mot fierté ne suffit plus, il faudrait en inventer un autre. Cette semaine, je dois gérer les microbes seule, car Mégamoy est en stage avec l’équipe de France gendarmerie. Je pourrais râler, ou même pleurer car ce sport m’enlève une fois encore mon mari. Mais comment ne pas être fière ? Fière de son talent qui fait de lui un choix parmi tant d’autres, fière de son engagement toujours entier et intense ? Hier soir, la sélection a joué devant près de 2000 spectateurs, au profit des familles de gendarmes récemment tués dans un accident d’hélicoptère. Un immense moment qui a bouleversé Mégamoy. Comment ne pas être fière de ce cœur immense, et comment ne pas être flattée d’y avoir une place ?

Alors oui, femme de rugbyman et militaire, cela peut sembler beaucoup. Oui, je préfèrerais souvent l’avoir pour moi toute seule. Oui, comme toutes j’ai essayé de le convaincre d’arrêter. Oui, cela peut sembler de la faiblesse car j’ai toujours échoué. Oui, je n’ai pas vraiment insisté. Mais c’est comme ça que je l’ai choisi. Et finalement, ces engagements nous les avons pris à deux.
Derrière un grand homme il y a une grande femme, dit-on. Alors si Mégamoy fait partie des meilleurs, puis-je m’accorder la vanité de penser que je le suis également ?…

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3 comments

  1. Marchand dit :

    Super article !!! (Il y a aussi je rentre a 9heures mais enfaite c est 1heures du matin )

  2. VIRET dit :

    comme je te comprends et je t’admire !

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